vendredi 4 novembre 2011

Article : AFP

ParuVendu liquidé : le plus gros plan social de l'année
LYON — L'éditeur de "ParuVendu", leader de la presse gratuite d'annonces, en péril face à la concurrence sur internet et à la crise, a été mis en liquidation jeudi à Lyon, entraînant le licenciement de ses 1.650 salariés, soit le plus gros plan social de l'année en France.
Le tribunal de commerce a assorti la liquidation judiciaire du pôle de presse gratuite du Groupe Hersant Média (GHM) d'une poursuite d'activité durant quinze jours, le temps d'organiser les licenciements des 1.150 salariés de l'éditeur, la Comareg, et des 500 d'Hebdoprint, regroupant ses centres d'impression.
Il n'y a pas eu de plan social de cette importance en France depuis ceux intervenus dans l'automobile en 2010.
Les quelque 200 éditions locales du journal papier cessent aussitôt de paraître. Le siteparuvendu.fr, dépassé par leboncoin.fr et autres seloger.com, devrait s'éteindre rapidement.
Les 350 salariés massés devant le tribunal ont accueilli la décision par des sifflets et des huées. "Des mois qu'on ne dort plus", "Hersant doit payer", criaient les uns. "Qu'apporte le père Noël cette année?", a apostrophé une autre.
La Comareg, créée en 1968 et propriété de GHM depuis 2003, était en redressement et Hebdoprint en sauvegarde judiciaire depuis le 30 novembre 2010. Un plan de 758 suppressions de postes avait été lancé en février et le modèle économique se voulait résolument bi-média (en ligne et papier).
Mais l'entreprise "ne répond plus aux défis technologiques actuels et a perdu du temps à une époque", a concédé l'administratrice judiciaire Laurence Lessertois. Et la crise économique, qui a réduit les investissements publicitaires, a sonné le glas.
Le chiffre d'affaires du pôle a reculé, de 348 millions d'euros en 2008 à 227 millions en 2010. Les résultats ont plongé dans le rouge en 2009, avec une perte nette de 30,9 millions d'euros, et les comptes non consolidés pour 2010 devraient révéler des pertes d'un même niveau.
Dominique Bernard, directeur général de GHM et président des deux sociétés, a pris la parole au milieu des salariés en colère, leur promettant de chercher "toutes les solutions qui permettront de sauver tout emploi possible".
L'administratrice a encouragé les reprises, y compris par du personnel, localement, sous la marque ParuVendu, qui pourrait perdurer. "Des salariés sont volontaires pour quelques publications bénéficiaires, à Dijon et Lyon notamment", a mentionné Nora Hgouch (CFDT).
Mais le désespoir domine. "On a tout donné, 10-12 heures de travail par jour, car on nous a vendu du rêve. J'y croyais, j'ai encore vendu des contrats pour 2012 il y a quelques jours", lâche Emmanuelle Chambard, 26 ans, dont six comme chef de publicité à Villefranche-sur-Saône (Rhône).
"On est jetés avec 24 ans de maison", s'époumone une commerciale, Valérie Devilleneuve, dont le mari, dans la logistique chez Hebdoprint, est aussi congédié.
La plupart ont appris la nouvelle depuis leur agence, leur centre d'appels ou leur imprimerie (à Iffendic en Ille-et-Vilaine, Lomme dans le Nord, Tinqueux dans la Marne et Les Angles dans le Gard).
Le DG et l'administratrice ont pris jeudi midi la route de Paris, où ils devaient dans l'après-midi "négocier la dette" de Hersant Média, estimée à plus de 200 millions d'euros.
Le groupe français, héritage lointain de l'empire de Robert Hersant, contrôle actuellement quelque 27 titres de presse, deux chaînes de télévision locales et sept stations de radio.

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