jeudi 10 novembre 2011

Article : Les Echos

10/11 | 17:49 | mis à jour à 18:21 | Anne Feitz

Incertitudes sur le rapprochement Hersant-Rossel

Le mariage était conditionné à un accord avec les banques créancières d'Hersant, avec une date butoir fixée au 10 novembre. Le compte n'y est pas encore.

Le rapprochement Hersant-Rossel aura-t-il vraiment lieu  ? Il y a quelques semaines, le 11 octobre, les deux groupes annonçaient être entrés en négociations exclusives pour créer une société commune dans la presse quotidienne régionale. Le mariage, qui devait donner naissance au troisième groupe de presse quotidienne régionale (PQR) en France, reste toutefois conditionné à un point essentiel : parvenir à un accord avec les banques créancières du groupe Hersant Média (GHM). A la demande de Rossel, la date butoir du 10 novembre (aujourd'hui, donc) avait été fixée. Or selon nos informations, le groupe dirigé par Philippe Hersant n'a toujours pas réussi à s'entendre avec ses banques , et il semble peu probable qu'il y parvienne d'ici à ce soir. Une nouvelle réunion a même été prévue la semaine prochaine, le 15 novembre.
La dette bancaire de GHM atteint plus de 200 millions d'euros. Mais le groupe, encore détenu à 100 % par la famille Hersant, ne peut plus la rembourser depuis que les difficultés de sa filiale de presse gratuite d'annonces, la Comareg (placée en liquidation la semaine dernière), l'ont privé de confortables cash flows. Il tente donc depuis des mois de renégocier avec ses dix-sept banques créancières, sous l'égide de la mandataire ad hoc Laurence Lessertois et du Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI). Philippe Hersant s'est récemment adjoint, pour ce faire, les conseils de Messier, Marris & Associés, la banque d'affaires de Jean-Marie Messier. Les négociations sont d'autant plus difficiles que les dix-sept banques du pool défendent chacune ses propres intérêts.

Une forte pression sur les banques

La pression est forte sur les banques, auxquelles GHM a commencé par demander un abandon de créances de 100 millions d'euros, aujourd'hui sensiblement revu à la baisse (autour de 60-70 millions d'euros). Il est également prévu qu'une partie de la dette, environ 50 millions d'euros, soit transférée à la société commune constituée avec Rossel, qui doit se voir apporter les journaux du sud de la France (« Nice Matin », « Corse Matin »), et le pôle Champagne Ardennes (« L'Union »). Mais les banques doutent de la capacité du groupe à dégager un cash flow suffisant pour rembourser le solde avec ce qui lui restera en direct (« Paris Normandie », en pertes, et les journaux des DOM-TOM). Elles souhaiteraient voir GHM céder sa presse d'Outre Mer. La vente des journaux de Nouvelle Calédonie ou de Polynésie semble désormais acquise, mais Philippe Hersant reste réticent à céder ceux des Antilles. Les banques souhaiteraient aussi voir Philippe Hersant et sa famille, qui ont touché 1 milliard d'euros lors de la vente de la Socpresse à Dassault en 2006, mettre la main à la poche. Et elles ne manquent pas de rappeler que le patron de GHM est domicilié en Suisse. Selon nos informations, Philippe Hersant accepte désormais de participer, avec certains actionnaires familiaux, au désendettement de son groupe. « Mais très peu : le compte n'y est toujours pas », estime un banquier. Autre point donnant lieu à des discussions serrées : les banques souhaitent une clause de retour à meilleure fortune leur donnant accès au capital de la société commune constituée avec Rossel.

Une offre concurrente

Certains fondent leur espoir sur une autre solution : la vente pure et simple du groupe GHM. Selon nos informations, David Montgomery, ex-dirigeant du fonds britannique Mecom, est prêt à proposer une offre de reprise à Philippe Hersant, si l'exclusivité avec Rossel était rompue. Cette offre prévoit la prise de contrôle de l'ensemble des journaux du groupe, l'injection de 50 millions d'euros en cash, et la reprise de l'intégralité de la dette bancaire. Elle est bien sûr conditionnée à l'examen des comptes du groupe, David Montgomery n'ayant pour le moment pas pu s'adresser aux actionnaires de GHM, ni accéder aux documents nécessaires. Il l'a toutefois déjà présentée au CIRI et à Laurence Lessertois, ainsi qu'à certaines banques. Son plan ? Ramener le groupe à une rentabilité d'exploitation supérieure à 10 %, grâce à des développements dans le e-commerce et des restructurations. Aujourd'hui, les journaux de GHM dégagent une marge d'exploitation moyenne inférieure à 5 % pour un chiffre d'affaires d'environ 450 millions d'euros. Avec des fortunes diverses selon les journaux, les bénéfices dégagés par la pépite « Corse Matin » venant compenser les pertes de « Paris Normandie » et les difficultés de « L'Union ».
Les jours qui viennent seront sans doute déterminants pour GHM. Selon nos informations, Rossel ne souhaite pas renouveler l'exclusivité qui s'achève ce soir. Cela n'entraînera pas automatiquement son retrait du dossier. Mais échaudé par l'échec récent de son rapprochement avec Centre France, le groupe belge ne souhaite sans doute pas que les négociations continuent de s'éterniser.
ANNE FEITZ

2 commentaires:

  1. si Hersant n'arrive pas à conclure, on ne va pas pleurer sur lui : bien fait pour sa g....... !

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  2. un type qui refuse de faire un chèque pour relancer le pole gratuit qui peut encore lui rapporter du fric, et soit entouré d'incapable, soit un con, mais je pense qu'il a pris les deux options........ et est monté sur la première marche du podium ce mois ci
    " premier fournisseur de chomage pour le mois de novembre 2011, en plus c'est pas fait des amis chez pole emploi, vont etre debordés pour noel....

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