INTERVIEW (Xavier Bertrand) « Si la situation l'exige, nous augmenterons les moyens du budget de l'emploi »
Pour faire face à l'envolée du chômage, le ministre du travail et de la santé envisage notamment d'assouplir les règles du chômage partiel.
Quelles mesures comptez-vous prendre pour faire face à l'accélération du chômage ?
La France est, après l'Allemagne, le pays européen qui résiste encore le mieux à la montée du chômage grâce à la politique que nous avons menée. Les 15.000 jeunes de plus que l'an dernier qui ont démarré une formation en alternance cette année sont autant de jeunes chômeurs évités. Il n'en faut pas moins mettre en place aujourd'hui un plan d'action renforcé pour l'emploi. Je dois m'assurer que tout le monde s'approprie bien les outils existants. Je viens d'écrire aux conseils généraux qui n'ont pas encore tenu leurs engagements sur les contrats aidés pour des bénéficiaires de RSA. Il en manque 20.000. J'ai demandé à Pôle emploi de débloquer au plus vite tous les contrats aidés pour les chômeurs le plus en difficulté. Je veux aussi simplifier encore l'accès à l'activité partielle et redire aux donneurs d'ordre leurs responsabilités vis-à-vis des sous-traitants. Enfin, avec François Baroin et Eric Besson, je suis totalement mobilisé pour agir en amont avec René Ricol pour prévenir les difficultés des entreprises et bien sûr pour accompagner les salariés qui connaîtraient des licenciements économiques, comme nous l'avons fait ces derniers jours chez Malaucène ou Comareg.
On ne peut pas dire pour l'instant qu'il y ait une demande forte sur le chômage partiel...
C'est vrai. A la fin septembre, tous secteurs confondus, 390.000 heures ont été consommées dans le cadre du dispositif de base depuis le début de l'année contre 4,3 millions entre janvier et septembre 2010. Mais nous avons besoin d'être très réactifs. Je vais proposer aux partenaires sociaux de prendre un décret qui simplifie les procédures et raccourcisse les délais. Au lieu de 20 jours, l'administration aura désormais l'obligation de répondre dans les 15 jours maximum et son silence vaudra acceptation. De leur côté, les entreprises peuvent lors du chômage partiel former davantage leurs salariés.
La ponction de 300 millions d'euros sur le fonds paritaire de la formation ne va pas y aider...
Ce n'est pas ça qui empêche la formation. De très nombreuses entreprises n'en ont pas besoin.
Quelle sera la rallonge nécessaire pour financer votre plan d'action ?
Le budget de l'emploi pour 2012 me donne exactement les moyens d'intervention nécessaire pour mener ces actions. Ainsi, les crédits sur l'activité partielle n'ont été qu'en partie consommés. Mais si la situation l'exige, nous augmenterons ces moyens.
Qui va prendre la présidence de Pôle emploi ?
D'abord, je veux souligner l'importance de la mission qu'a conduite Christian Charpy en cette période difficile. Jean Bassères, qui va lui succéder au plus tard à la mi-décembre, est un manager public ouvert au dialogue et qui connaît le domaine de l'emploi. Pour la présidence, je pense que François Nogué (DRH de la SNCF, NDLR), qui a été élu DRH de l'année, et que nous envisageons de nommer comme personnalité qualifiée dans le prochain conseil, ferait un très bon candidat. Il n'y a pas de temps à perdre. Les nouvelles règles entreront en vigueur dès le début de l'an prochain.
Préparez-vous une loi renforçant les obligations sociales des donneurs d'ordre ?
Une loi met du temps à être votée. J'ai eu l'occasion d'indiquer lors de la réunion de la plateforme automobile que nous avons présidée le 23 novembre dernier avec Eric Besson, mes attentes à l'égard des constructeurs. De plus, un rendez-vous pour débloquer une situation, c'est plus rapide qu'une loi. C'est mon rôle, comme d'aller à la rencontre des salariés et d'intensifier les échanges avec les partenaires sociaux. En plus des remontées des préfets, les partenaires sociaux peuvent nous alerter aussi sur les problèmes rencontrés dans certaines entreprises pour que nous puissions intervenir rapidement. Et je souhaite rencontrer les leaders syndicaux et patronaux au moins tous les mois pour faire un point.
Comment régler la question des journées de RTT accumulées par les personnels hospitaliers dans les comptes épargne temps, notamment les médecins ? Seront-elles payées ?
D'abord, ne dramatisons pas. Si les praticiens hospitaliers ont accumulé 2 millions de jours, cela représente une quarantaine de jours par médecin. Et tous ne vont pas demander à solder leur compte en même temps. Ensuite, la question ne se posera qu'à partir du 1er janvier 2013, date à laquelle on sera dans l'obligation de solder les premières RTT, acquises en 2002. Il n'y a pas de date couperet d'ici là. Les hôpitaux ont donc les moyens de faire face à un problème qui n'a rien d'insurmontable. Ce qui est certain, c'est qu'il faudra que l'Etat apporte la garantie que ces journées pourront soit être monétisées, soit être utilisées comme période de congés, soit en prévision de la retraite. Les praticiens veulent être certains de ne pas perdre ces journées, qui leur appartiennent pleinement. Nous en discutons avec les syndicats de praticiens hospitaliers.
Les députés veulent créer une taxation de 28 % pour les retraites chapeaux supérieures à 24.000 euros par mois. Le gouvernement y est-il favorable ?
Je partage le souhait de Gilles Carrez, qui a déposé cet amendement, de rendre encore plus équitable les prélèvements sur les retraites chapeaux. L'idée est que celles qui sont les plus importantes soient plus lourdement taxées et que les petites retraites complémentaires (inférieures à 400 euros, 500 euros) puissent être exonérées. Quant au taux de 28 %, je crois qu'il n'est pas arrêté définitivement.
Ah!! les retraites chapeaux à 24000€ par mois, merci sarko,idée d'un député, il est mal,démagogie à fond, il ne vont pas toucher à leurs retraites; et hop! encore un effet d'annonce
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