Camarade !
Tes commentaires nous dérangent et ne sont pas les bienvenus. Comme tu as dû le voir sur ce blog, nous sommes tous d'accord et une voix discordante est interdite. Le camarade ci-dessus qui te traite de faux-cul a comme prévu commencé à t'insulter et c'est bien fait (bon, d'accord, lui aussi il est resté anonyme mais c'est pour des raisons supérieures, on t'expliquera).
Les amis et moi, on doit éclairer les masses prolétaires incultes et naïves mais bonnes (surtout quand je pense à l'autre, là, la petite, dans le 3ème bureau à gauche... oups, j'ai dérapé !) et exploitées par le grand capital.
Et nous avons de bonnes raisons de faire cette oeuvre de Salut public (Ah ! ça, c'est bon ! Ça rappelle Danton et Robespierre !).
Bon, moi, par exemple, j'ai vendu mes journaux au groupe il y a des années mais comme je suis resté, je continuais à faire ma petite tambouille, mes petites affaires, mes petits échanges discretos et ils ont osé me virer ! C'est vrai, maintenant, je peux vivre à rien foutre pendant 20 ans mais quand même ! Et mes journaux qui continuent à sortir sans moi, sans même s'arrêter net comme je l'avais annoncé ! Quelle honte !
La camarade, celle qui a écrit un peu plus haut (bon, c'est vrai, elle est anonyme elle aussi, mais c'est aussi pour des raisons supérieures), là, elle a tout fait pour planter les réformes. Comme ça , elle se disait qu'ils allaient bien finir par lui faire un pont d'or pour qu'elle s'en aille. Et comme elle a besoin de fric (elle va racheter une petite entreprise qui demande qu'à cracher un max de tunes pourvu qu'on restructure un peu le personnel - oups ! je me demande si j'ai pas encore un peu dérapé, là...), ça l'aurait bien arrangée. Mais non ! Rien ! On ne lui propose même pas un ou deux ans de salaire ! Alors, elle est obligée de jouer la montre!
Et Jojo, un peu plus haut encore (oui, bon d'accord, il est anonyme, mais c'est pour des raisons supérieures, on te dit !), lui, c'est un bon : c'est le spécialiste de la dialectique moralisatrice. Tu verrais çà ! "25 années à nous défoncer pour cette boîte et on nous demande de bosser encore ! Qu'est-ce qu'on va devenir ?" Bon, OK, ça fait aussi 25 ans qu'il est payé, mais bon, on va dire que ça, ça compte pas.
Attends, la suite arrive sur le commentaire suivant.
Et puis Gigi, l'autre un peu plus bas, y a un truc qu'elle aime pas, c'est quand on lui dit : "Si t'es malheureuse, faut changer de crèmerie" ! Parce que faut pas pousser, quand même : 20 ans qu'elle fait pas grand chose, qu'elle prend bien ses jours maladie tous les ans, qu'elle refuse toutes les formations, qu'elle a déclaré que l'informatique c'était pas pour elle, alors tu la vois chercher du boulot ailleurs, oh ? Faut quand même avoir un coeur de pierre, pour pas se mettre à la place des p'tites gens comme çà ! Enfin, Jojo, c'est ce qu'il dit.
Bon, t'as compris que t'as rien à foutre ici. Et d'ailleurs je perds du temps à te répondre : à l'heure qu'il est, je devrais être en train de mettre mon 15ème commentaire parce que comme ça, ça fait croire qu'on est vachement nombreux.
Et si tu comprends pas, on va passer à un autre stade. Tu sais, il y a quelques mois, on s'est fait un peu la main : on commence par les appels tél, et puis on devient un peu plus menaçants. C'est facile : t'as qu'à demander aux copains comment on fait avec ceux qui sont pas d'accord !
Alors, on était presque sûr qu'on allait réussir à se mettre tout le monde dans la poche, qu'on allait tout planter (Ah ! ouais ! le grand soir, enfin !) et voilà que les masses prolétaires ne respectent même pas les consignes de boycott de la convention (oui, nous, on y est allé, mais c'est pour des raisons supérieures, tu peux pas comprendre) et en reviennent même plutôt emballées !
Oh ! On va quand même pas laisser faire çà, hein ! Alors, comme on n'est pas très doué pour discuter du fond, nous, on dit que les mecs qui sont pas d'accord avec nous, c'est des nuls. C'est un vieux truc marxiste, mais c'est génial, ça marche vachement bien. Tu te souviens, les mecs qui critiquaient l'URSS et ses 80 millions de morts, on disait que c'était des ennemis du peuple. Et hop ! Plus besoin de parler des vrais problèmes ! Tu vois, là-haut, il y a un anonyme (bon, euh...des raisons supérieures...) qui dit que les mecs qui continuent à bosser parce qu'ils y croient et qu'ils sont payés, c'est des collabos quasiment des nazis !
Eh ben, c'est nous qui lui avons dit que c'était comme ça qu'il fallait répondre ! Inattaquable, sinon t'as l'air de défendre les nazis !
Bon, mais ça, si t'es pas bâti comme nous, les camarades et moi, ou si t'as pas été formé, tu peux pas comprendre...
Alors on veut plus te voir ici, on te dit ! L'autre site, lui au moins, il a compris, il filtre ! Dessus, tu verras jamais de commentaires comme les tiens.
Non ! c'est pas de la censure, c'est du respect des masses laborieuses qui ne veulent pas être troublées par des traîtres contre-révolutionnaires (là, Jojo, il dit que je dérape presque...) !
Et t'avises pas de bosser.
Signé : Le camarade responsable de la lutte contre les ennemis du peuple.
Et puis Gigi, l'autre un peu plus bas, y a un truc qu'elle aime pas, c'est quand on lui dit : "Si t'es malheureuse, faut changer de crèmerie" ! Parce que faut pas pousser, quand même : 20 ans qu'elle fait pas grand chose, qu'elle prend bien ses jours maladie tous les ans, qu'elle refuse toutes les formations, qu'elle a déclaré que l'informatique c'était pas pour elle, alors tu la vois chercher du boulot ailleurs, oh ? Faut quand même avoir un coeur de pierre, pour pas se mettre à la place des p'tites gens comme çà ! Enfin, Jojo, c'est ce qu'il dit.
Bon, t'as compris que t'as rien à foutre ici. Et d'ailleurs je perds du temps à te répondre : à l'heure qu'il est, je devrais être en train de mettre mon 15ème commentaire parce que comme ça, ça fait croire qu'on est vachement nombreux.
Et si tu comprends pas, on va passer à un autre stade. Tu sais, il y a quelques mois, on s'est fait un peu la main : on commence par les appels tél, et puis on devient un peu plus menaçants. C'est facile : t'as qu'à demander aux copains comment on fait avec ceux qui sont pas d'accord !
Alors, on était presque sûr qu'on allait réussir à se mettre tout le monde dans la poche, qu'on allait tout planter (Ah ! ouais ! le grand soir, enfin !) et voilà que les masses prolétaires ne respectent même pas les consignes de boycott de la convention (oui, nous, on y est allé, mais c'est pour des raisons supérieures, tu peux pas comprendre) et en reviennent même plutôt emballées !
Oh ! On va quand même pas laisser faire çà, hein !
Alors, comme on n'est pas très doué pour discuter du fond, nous, on dit que les mecs qui sont pas d'accord avec nous, c'est des nuls. C'est un vieux truc marxiste, mais c'est génial, ça marche vachement bien. Tu te souviens, les mecs qui critiquaient l'URSS et ses 80 millions de morts, on disait que c'était des ennemis du peuple. Et hop ! Plus besoin de parler des vrais problèmes ! Tu vois, là-haut, il y a un anonyme (bon, euh...des raisons supérieures...) qui dit que les mecs qui continuent à bosser parce qu'ils y croient et qu'ils sont payés, c'est des collabos quasiment des nazis !
Eh ben, c'est nous qui lui avons dit que c'était comme ça qu'il fallait répondre ! Inattaquable, sinon t'as l'air de défendre les nazis !
Bon, mais ça, si t'es pas bâti comme nous, les camarades et moi, ou si t'as pas été formé, tu peux pas comprendre...
Alors on veut plus te voir ici, on te dit ! L'autre site, lui au moins, il a compris, il filtre ! Dessus, tu verras jamais de commentaires comme les tiens.
Non ! c'est pas de la censure, c'est du respect des masses laborieuses qui ne veulent pas être troublées par des traîtres contre-révolutionnaires (là, Jojo, il dit que je dérape presque...) !
Et t'avises pas de bosser.
Signé : Le camarade responsable de la lutte contre les ennemis du peuple.
Lettre à Alex (n°4) :
Camarade Alex,
Comme je te l’ai dit hier sur ce blog, je me suis bien fait eng… par les camarades après ce que je t’ai écrit. Jojo, il a dit qu’il ne fallait pas tout révéler, que ça pouvait nous nuire, que si je continuais comme ça, je pourrai jamais monter dans l’organisation, et que finalement il mettraient Gigi à ma place. Ah ! Celle-là ! Tu la verrais : une vraie girouette. En réunion, elle monte sur la table, elle harangue les foules, elle a même dit l’autre fois qu’elle mettrait le bazar aux Conventions, mais en fait, elle a rien fait parce qu’au début de la réunion, le grand patron a dit qu’il acceptait que sa fille fasse son stage chez nous. Ah ! Je te jure ! Des vrais, des purs, il y en a plus…
Les camarades ; ils m’ont dit aussi qu’il ne fallait pas dire qu’ils étaient aux Conventions parce que après on les prenait plus au sérieux. Gigi, pourtant, j’ai bien vu comment elle regardait le marin. Quand il a raconté comment il s’était battu toute sa vie et qu’il avait 50 ans alors qu’il en paraît 20 de moins, elle m’a dit qu’elle avait senti comme du miel qui lui partait du cerveau et qui coulait jusque dans son ventre. Du coup, à midi, j’ai bien vu aussi qu’elle s’en était pas remise et qu’avec Jojo, ils étaient partis 40 mn. Quand elle est rentrée, elle était toute rose. Ils font ça de temps en temps ; d’habitude c’est pendant les heures de boulot, mais là Jojo, il m’a fait un clin d’œil, et il m’a dit : « Quand la rotative se met en route, faut pas tarder à imprimer !». Mais après, ils sont disputés parce que Gigi elle a dit que le marin, au moins, il avait fait quelque chose de sa vie ! T’aurais vu la tête de Jojo quand elle lui a sorti : « Il a DECIDE de faire quelque chose sa vie !» Elle se rendait même plus compte qu’elle utilisait les mots des capitalistes exploiteurs qui veulent faire plonger les masses laborieuses vers les sommets de la pauvreté (c’est beau, hein ? C’est Bébert qui a dit ça l’autre jour)
Lettre à Alex (n°5)
Et puis, Bébert, il a dit que la Convention était nuisible parce que fallait pas tout dire comme ça aux masses laborieuses, qu’elles avaient besoin d’un guide, d’un « Lider Maximo ». Enfin, ça c’était son expression avant qu’il aille en voyage à Cuba avec le CE. Quand il est rentré, il était tout triste et il s’est mis en arrêt de travail au moins un mois. Mais maintenant, ça va mieux et il a demandé au CE si on pouvait organiser un voyage en Corée du Nord. Ah ! Ca, c’est quand même un pur !
Enfin, en même temps, il a dit que pour aller aux réunions, la 1ère classe c’était mieux parce qu’on avait plus de place pour travailler sur les dossiers...
Bon, donc, Bébert, il pense que maintenant, les prolétaires de la boîte, ils ont trop d’informations et qu’ils vont plus rien apprendre en lisant nos blogs. Il dit que « Trop d’info tuent les rumeurs, et les rumeurs, c’est le levain dans la pâte de la résistance ! ». Avant, il disait « la pâte de la révolution », mais la résistance, ça fait plus héroïque et puis personne ne peut être contre la résistance (alors que la révolution, moi, ça me fait un peu peur parce que je suis pas sûr qu’on y perde pas les RTT…)
Bon, ce que je te raconte là, t’en parles pas, hein, Alex ?
A bientôt. Je te raconterai la suite (on a une grande réunion bientôt pour décortiquer en détail la Convention et voir ce qu’on peut en faire), mais à condition que tu te foules pas au boulot, parce que si ils sauvent la boîte, tout est par terre pour nous.
Zorro.
Lettre à Alex (n°6)
Ah ! Mon pauvre Alex ! Ca a failli tourner au drame… Je t’avais dit qu’on avait une réunion sur les Conventions pour savoir ce qu’on pouvait bien en faire, comment retourner contre les exploiteurs de patron cette tentative de subversion anti-prolétaire. Eh ben, ça s’est très mal passé.
Il faut dire, déjà que le lieu n’était peut-être pas idéal : Bébert avait voulu qu’on profite de la réunion pour fêter son anniversaire et décidé les camarades à aller dans un bouchon lyonnais où l’on mange rustique et roboratif (Bébert, qui a des lettres, il m’a expliqué que c’était pas une insulte mais que ça voulait dire « nourrissant ») , mais avec la chaleur qu’il a fait ce week-end, pour que ça passe, il a fallu arroser un peu le gras double, le pâté de foie, les pieds de cochon et l’andouillette. Et quand je dis un peu, ben, c’est plutôt beaucoup. Bébert, il commandait les pots de Côtes (du Rhône) en hurlant au patron du bistrot : « Y a plus d’encre dans la roto ! Faut du rouge !». Au début, on se disait que l’addition allait être salée mais Bébert, il a dit qu’on mettrait tout en notes de frais et qu’il fallait pas l’emm… pour çà.
Bon, attention ! On n’a pas fait que rigoler ! Gigi, elle a d’abord fait un discours de motivation et on a tous trouvé ça très bien. Elle a dit à peu près ça :
« Camarades, l’heure est grave. On est à un tournant historique : ça faisait 2 ans que le bateau était en perdition, que les financiers, les nantis, ceux qui dorment dans la soie et roulent en Rolls tremblaient, que les petits, les exploités, les sans-grades préparaient leur revanche et bâtissaient un monde plus juste, c’est pas le moment de mollir. Depuis bientôt un an, on veut nous arracher des mains les pédales du navire, et voilà qu’il y a une semaine, au mépris de toutes les règles du dialogue social, nos exploiteurs de patrons s’adressent directement au personnel, lui expliquent tout, lui disent que notre avenir à tous est entre nos mains, et on devrait se laisser faire ? Et à quoi qu’on va servir, alors ? (Là, Bébert, qui est aussi intraitable avec les fautes de français qu’avec les capitalistes, il a failli s’étrangler et il a dû commander deux nouvelles bouteilles). Camarades, reprenons les rênes du bateau, et que la justice passe ! Il va falloir que ça tourne droit, maintenant !»
On a tous applaudi, on s’est levé, on a fait une ovation à Gigi et elle a dit après à Jojo qu’elle s’était sentie comme César au Pont d’Arcole. Il y a juste Bébert, qui lui avait pas pardonné le « A quoi qu’on va servir ? » qu’a dit à son voisin, mais bien fort pour qu’on entende tous : « Et sa fille, elle a commencé son stage à la Direction Générale, alors ? ». Mais Gigi, elle a pas entendu. C’était la seule, mais il faut dire que le discours lui avait donné soif, que Jojo la félicitait chaudement et lui disait des p’tits mots doux comme «Ma petite Zarafa ! Mon petit blanchet ! Ma bobine ! » Nous, on rigolait parce qu’on savait bien comment ça allait se terminer…
Mais ce qui gâté l’ambiance, c’est qu’il y avait Zizou et surtout Bob. Bob, c’est un vieux de la vieille, il était déjà là du temps du fondateur, quand les centres d’appel, ils existaient pas encore, qu’il y avait un aquarium dans le hall rue Colin à Villeurbanne. Il en fait des combats, il en a gagné des victoires. Alors tu comprends, il est inamovible, on peut plus rien contre lui. Mais le problème, c’est que Bob, il est complètement aigri. Il dit des trucs qui nous plaisent pas trop, mais on sait pas quoi faire. Gigi, une fois, elle a essayé de se plaindre à l’organisation, mais ils ont dit que Bob il connaissait trop de trucs et qu’il était dangereux, donc il fallait surtout pas y toucher.
Et Bob, il a parrainé un petit jeune, Zizou, et celui-là, il est encore plus dangereux parce qu’il a dit qu’il fallait faire souffler un vent moderne dans les organisations, et du coup, comme il parle super bien, il nous fait perdre tous nos repères.
Si tu comprends pas bien, je vais te donner des exemples, mais tu vas voir, c’est gratiné !
A un moment, Jojo, il a dit que c’était lamentable de devoir faire des tableaux de bord, des compte-rendus, et que si les patrons, ils faisaient pas confiance à leurs équipes (là, Bébert, il dit qu’on était pas leurs équipes mais leurs serfs, même leurs esclaves), eh ben, ils avaient qu’à vendre eux-mêmes. Eh ben, Bob, il a dit que les tableaux de bord, les comptes-rendus et tout le bazar, ça existaient bien déjà quand la boîte marchaient et qu’on trouvaient tous ça normal ! Tu te rends compte ?
Et quand Jojo, il a dit que c’était lamentable de nous obliger à nous mettre d’un coup aux Smartphones, aux ordinateurs portables, et je ne sais pas quoi encore, Bob il a dit que ça faisait des années qu’on se plaignait de ne pas avoir d’outils modernes alors fallait pas voir à changer tout le temps d’avis. Gigi, elle en avait les larmes aux yeux… Du coup, Jojo, il l’a prise sur ses genoux.
Et le petit Zizou ! Quand Bébert il a dit que les objectifs, ils étaient impossibles à atteindre, tu sais ce qu’il a dit, Zizou ? Que si on comparait avec ce qu’on faisait chacun il y a encore deux ans, les objectifs, ils étaient pas hauts !
Alors, là, ça a chauffé ! Bébert et Gigi, ils ont hurlé en même temps à Zizou : « T’es dans quel camp ? » Et puis ils l’ont traité de déviationniste (je sais pas ce que ça veut dire, mais mon avis c’est vachement grave, un truc comme çà !).
Mais Gigi, comme elle avait un petit coup dans le nez, elle a fait une grosse erreur. Elle s’en est pris à Bob. Elle lui a dit qu’il pensait qu’à sauver les emplois et que dans notre combat, fallait pas penser qu’à ça, parce qu’on fait pas d’omelette sans casser des œufs. D’un coup, l y a eu un grand silence, et on entendait presque la musique comme dans « Il était une fois dans l’Ouest »… Bob, il a pris son temps, il s’est versé un verre d’eau, il a regardé Gigi, et il lui a dit : « Gigi, tu prends toujours tes ordres chez X ? (je peux pas dire le nom, parce que ça va m’attirer des ennuis, mais tout le monde sait bien qui c’est). Tu l’appelles encore avant chaque réunion pour lui demander ce qu’il faut dire ? » Gigi, elle est devenue toute blanche. Et Zizou, il a pris le relais pour l’estocade : il lui a dit comme ça : « C’est vrai que tu as volé deux ordinateurs au bureau ? » Et Bob, il a repris : « C’est vrai que t’as menacé Juju de lui casser la gu… si elle disait pas comme toi ? »
Ca a été un bazar ! Moi, je savais que ce qu’ils disaient, Bob et Zizou, c’était bien vrai, mais enfin, on peut quand même pas dire des choses comme çà ! Si on va par là, on va bientôt nous demander de se calmer sur les remises, de visiter autant de clients qu’autrefois, de préparer nos visites et de penser à encaisser les factures ! A ce train-là, on va finir par redresser la boîte et sauver les emplois, mais ça, ça fait le jeu des patrons !
Et puis, ce qui m’a fait de la peine, c’est que Juju, elle s’était mise à pleurer. Moi, je l’aime bien, Juju . C’est vrai qu’elle est terrible, parce qu’on a l’impression qu’elle pense d’abord à la boîte et aux emplois à sauver, et que du coup on a toujours l’impression qu’elle est dans le camp des affreux capitalistes, mais enfin, elle n’est jamais méchante. Pendant le PSE, elle s’est toujours démenée pour ceux qui partaient, pour leur donner les renseignements dont ils avaient besoin, pour qu’ils ne soient pas complètement perdus, et je l’ai même vu inviter des gars qu’avaient 25 ans de boîte et qui partaient pour qu’ils passent un bon moment et leur remonter le moral. Quand j’ai dit ça à Jojo, ses yeux, ils ont lancé des éclairs. Il m’a dit : « Des gens comme Juju, ça gâche le métier ! ». Faut dire aussi que Jojo, il s’est toujours pris des râteaux avec Juju, et ça, ça peut jouer dans son appréciation…
Le patron du bistrot, quand il a vu que ça risquait de tourner au massacre comme dans un film de Tarantino, il a servi une tournée générale et ça a un peu détendu l’atmosphère. Du coup, Bébert, il s’est mis à raconter des vieilles histoires, ses grèves, ses séquestrations de patrons, ses manif’ et on a bien rigolé.
Pour finir, en rigolant, il a dit qu’on devrait demander à rattraper les heures de travail pour ceux qui se sont levé tôt pour aller à la Convention. Et Jojo, il dit « Chiche ! ».
Bon, j’arrête là. Surtout, Alex, faut bien que tout ça, ça reste entre nous, parce que moi j’ai pas l’ancienneté de Bob, alors ils pourraient me virer de l’organisation.
Zorro