Le Modèle économique explose partout...
22/03/2011
IFP 2011
High Tech & Médias
Un modèle économique viable pour la presse : utopie ou réalité ?
En crise, la presse cherche de nouveaux moyens pour retrouver son équilibre financier. Mais à ce jeu là, seuls ceux qui apportent une vraie plus-value s’en sortent.
« Le modèle sur lequel reposait l’économie de la presse jusqu’à présent est fini. » Le constat de Jacques Rosselin est sans appel. Pour cet entrepreneur de médias et fondateur de Courrier International, il est temps de passer à autre chose. Des recettes publicitaires en berne, un parc d’abonnés qui décroit à vue d’œil et une difficulté croissante à maintenir les finances à flot : c’est le lot de la plupart des titres d’information en France et dans le monde. A l’heure où le site Bakchich met la clef sous la porte et où La Tribune peine à négocier sa recapitalisation, il est urgent de retrouver un modèle viable. Car selon l’ancien patron de presse, « l’information coûte cher et rapporte très peu ».
Pourtant dans ce marasme général, certains s’en sortent. C’est notamment le cas de Mediapart. Le "pure player" devrait ainsi devenir rentable à partir du mois de mars. Le site s’offre même le luxe de voir affluer les abonnés : 47 000 pour l’instant, ils seront probablement 55 000 dans deux mois. Son secret ? « L’investissement de champs journalistiques désertés par les autres », explique Stéphane Alliès, journaliste à Mediapart. Dopé par les affaires Karachi et Bettencourt, le journal se targue d’avoir une cellule d’investigation solide et assume une posture militante plutôt ancrée à gauche.
Des lecteurs qui payent, le site les Echos.fr en a aussi. Grâce à une information économique hautement qualifiée, destinée à un public ciblé, le journal réussit à monétiser une partie de son contenu sur Internet. Pour autant, il n’arrive toujours pas à équilibrer les comptes de l’entreprise toute entière. Même schéma pour le Wall Street Journal qui vend des informations financières très précises aux magnats de la bourse américaine.
Quand le site du Times est devenu payant, il a perdu plus de 90 % de ses lecteurs
Mais la recette miracle ne fonctionne pas pour tout le monde. Quand le site Internet du quotidien britannique The Times est devenu payant, il a immédiatement perdu plus de 90 % de ses lecteurs. Les Echos, Mediapart ou encore le Wall Street Journal ont réussi à imposer l’idée que "l’information se paye", mais pas n’importe quelle information. Celle proposée par ces trois journaux vise un auditoire averti, un public de niche.
Disposant de sites d’information en partie ou complètement gratuits, très peu de journaux généralistes arrivent à monétiser leur contenu sur Internet. "Vous payez pour apprendre une information que vous ne trouvez nulle part ailleurs", analyse Jacques Rosselin.
« Il faudrait trouver un équilibre entre ce qui est gratuit et qui attire le lecteur et ce qui est payant et qui donc permettrait de trouver de l’argent », ajoute l’homme d’affaire qui pense que l’avenir se situerait peut-être dans les poches. Et plus précisément sur les "Smartphones", ces petites merveilles de technologie. De plus en plus utilisés pour s’informer, ces téléphones offrent une multitude d’applications « news » permettant à l’utilisateur de surfer sur les sites d’information. Agrégateurs et autres gestionnaires de flux RSS seraient, selon l’homme d’affaire, le meilleur moyen de récupérer de l’argent. Le principe : faire payer les articles à l’unité. L’argent serait alors prélevé sur le forfait mobile ou bien directement débité sur la carte bleue comme pour le téléchargement d’applications payantes sur iTunes. Un système plus intuitif donc.
Mais le public acceptera-t-il de payer pour une information généraliste dont il dispose gratuitement pour l’instant ? Rien n’est moins sûr.
Reste que si les tentatives de sauvetage économique de la presse se multiplient, aucune n’a su s’imposer pour l’instant.
Sarah Belouezzane
IFP 2011